jeudi 12 novembre 2009

Des Papiers très spéciaux


SUD-OUEST Jeudi 12 Novembre 2009









Céline Procop dirige cette papeterie (Photo H. C.)

PAPIER. Avec deux siècles de savoir-faire, le spécialiste des couleurs fluo exporte dans le monde entier
Des papiers très spéciaux


Impossible de louper ces fameuses affiches pour des fêtes de villages ou des soirées en discothèque, imprimées sur un papier fluo à la couleur qui vous saute à la figure. Dans toute la France et même dans une partie du monde, ce papier a de fortes chances de venir de Nanthiat. L'entreprise Guyenne Papier est la dernière en France à fabriquer ce genre de produit et n'a guère qu'une concurrente en Allemagne pour toute l'Europe.
Une fabrication très particulière, à base de pigments naturels importés d'Inde, qui sont déposés par une coucheuse géante sur du papier venant des meilleures papeteries. On ne fabrique plus de papier ici depuis longtemps mais la société est devenue experte dans son traitement.
Voilà ce qui a amené Frédéric Procop, un industriel de Limoges, à sauver de la disparition en 1995 cette entreprise deux fois centenaire. Depuis 2003, c'est sa fille Céline qui a repris la direction.

Des produits très techniques

Il a fallu près de dix ans de patience et d'investissements au groupe familial pour sortir Guyenne Papier du rouge. C'est chose faite depuis 2005. « Nous nous sommes appuyés sur une forte culture d'entreprise avec des gens qui croient en leur boutique », explique avec conviction Céline Procop. Mais Guyenne Papier mise beaucoup sur le développement et sur une modernisation de son organisation.

Certaines fabrications, comme celles au chrome pour des emballages de luxe, ont été arrêtées. Le fluo ne représente plus qu'un tiers de la production, à égalité avec deux autres gammes en plein développement : du papier pour impressions à jet d'encre et des papiers pour l'emballage, le bâtiment ou l'agroalimentaire qui peuvent être préencollés, enduits de produits isolants ou protecteurs. Grâce à des couches très spéciales, ils peuvent acquérir de nouvelles propriétés très utiles. 10 000 tonnes sortent ainsi chaque année des ateliers de Nanthiat, en grosses bobines comme en petites feuilles.

« Ce sont des produits industriels très techniques que nous réalisons souvent en sous-traitance pour des grands groupes. Nous avons un laboratoire de recherche, nous savons faire du sur-mesure et suivre l'évolution des marchés » précise Céline Procop. Un luxe nécessaire pour cette PME qui n'emploie plus aujourd'hui que 47 personnes (ils étaient 120 à l'époque de la reprise).

40 % à l'export

Avec un chiffre d'affaires qui atteint 8 millions d'euros (même si une baisse est prévue en 2009), l'entreprise a renoué avec les bénéfices. 40 % du chiffre est réalisé à l'export dans les pays européens limitrophes en priorité, mais aussi en Amérique Latine et en Chine. Une meilleure rentabilité qui permet désormais d'améliorer à la fois l'outil et la manière de travailler. L'achat de matériel va de pair avec le lancement de certifications environnementales ISO 14 001, PEFC et FFC.

À 32 ans, Céline Procop ne manque pas de dynamisme et secoue parfois un peu la vieille entreprise. Dans l'univers papetier très syndiqué, cela lui vaut parfois des parties de bras de fer très sportives. Mais elle croit très fort à la mise en place d'un projet d'entreprise où tout le monde est associé. « Nous devons mieux savoir comment travailler, améliorer nos méthodes qui sont encore trop empiriques et calculer nos coûts ». Elle compte bien s'appuyer sur le savoir-faire de son nouveau directeur d'usine qui est arrivé cette année en provenance du groupe papetier Bolloré.
L'histoire des moulins à papier de la haute vallée de l'Isle continue donc avec de bons atouts pour l'avenir. Pour l'anecdote, à la fin du XIXe siècle, on y fabriquait des cartes à jouer fameuses dans les casinos du monde entier !
http://www.guyennepapier.fr/
Tél. 05 53 62 20 00

Auteur : Hervé Chassain

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